Darasuram ne se trouve qu'à quelques kilomètres de Kumbakonam. On y
visite le très beau temple de Airavateshvara, consacré à Shiva. C'est un
chef-d'oeuvre, construit par un des plus grands rois de la dynastie chola ,
Rajarajachola entre 1150 et 1175. Ce roi fut également le constructeur des
temples majeurs de Tanjore (Brihadishvara) et de Gongaikondacholapuram.
Moins gigantesque que celui de Tanjore ou celui de Gangaikondacholapuram,
c'est un superbe exemple de la perfection atteinte en matière d’architecture
et de statuaire à l’époque des Chola.
L’entrée de l’enceinte du temple par un gopuram de faible hauteur est
précédée, dans l’axe, par le templion d’un Ganesh dansant élégant. Derrière
Lui, sous son dais de pierre, un joli Nandi pointe sa langue. Passé le
gopuram, on se trouve juste devant le temple, sans recul. Sur le mur juste
en face, on remarque immédiatement deux gardiens particuliers, un peu
contrefaits, les gardiens de Vishnu, Padmanidhi à gauche et Shankhanidhi à
droite. Sur ce même mur, deux superbes statues représentent un Nagarâja et
un Rishi (Sage).
On se dirige vers la gauche, se rendant alors compte que cette partie du
temple est semblable à un grand Ratha (Char de procession) de pierre dont la
partie supérieure constitue le mandapa du temple, le Mukhamandapa.
Le mur sud du ratha est ponctué de cadres de pierre où figurent divers
Dieux védiques : Agni , Indra , Vayu , etc. Un court escalier à balustrade
est joliment ouvragée donne accès au mandapa à 108 piliers. Ceux-ci sont
extraordinairement décorés de petites scènes du Mahabharata , du Ramâyana ,
du mariage de Shiva et Pârvatî, du mariage de Murugan, etc. La base des
piliers périphériques est sculptée en forme de Yâlî, animal mythique à
gueule de lion. Au mur intérieur ouest du mandapa, sont adossés des statues
d’époque Chola (12ème siècle) d’une qualité fabuleuse : la Déesse Annapurna,
Harihara , la Déesse Sarasvatî et le Sage Kannapa.
En pénétrant dans le deuxième mandapa, on remarque Shani sur la droite.
Les autres Planètes sont absentes. L’entrée du vestibule (Antarala) est
gardée par Ganesh et Shanmukha (nom de Murugan à six têtes).
On ressort alors du temple pour en poursuivre le tour et détailler les
éléments d’architecture, qui montrent encore des traces de polychromie
ancienne, ainsi que les statues dans les niches des murs. Certaines d’entre
elles manquent et ont été remplacées par des copies : les originaux auraient
été transportés au Musée de Tanjore. On peut voir un beau Ganesh,
Dakshinâ-mûrti (Shiva méditant), Shiva Lingodbhav-mûrti, Ardhanarishvara (Le
Seigneur dont une moitié est masculine, et l'autre moitié féminine; c'est
une forme de Shiva, symbolisant que le Dieu n'est ni entièrement masculin,
ni entièrement féminin, mais qu'il assume les deux fonctions, comme
Conscience Pure -Shiva- et comme énergie d'action -Shakti), Virabhadra
(forme guerrière de Shiva), Kalabhairava (forme terrible de Shiva); etc.
De là, on peut aller voir, dans l’angle nord-ouest de la cour dallée, une
balustrade d’escalier faite selon le motif d’un lion surmontant un éléphant
; dans la partie basse du mur, on note des frises en bas-relief avec des
curiosités comme des acrobates, un petit érotique, etc.
On regagne la face nord du grand temple pour poursuivre la visite et voir
ainsi une Durgâ qui est l’objet d’un culte de temps à autre. D’autres
statues représentent : Vishvakarma, l’Architecte de l’Univers, Dharmantari,
le médecin des Dieux.
Dans l’angle nord-est de la cour, se trouve un petit musée,
habituellement pas visitable car il sert d’entrepôt pendant les travaux en
cours (qui durent depuis des années). On peut néanmoins demander à y jeter
un coup d’œil, ce qui en vaut la peine. On y trouve, entre autres, plusieurs
statues de Ganesh, dont l’un d’eux adopte une position érotique avec sa
Shakti assise sur son genou gauche, car l’extrémité de sa trompe vient
toucher l’intimité de la Déesse. Des panneaux muraux, hélas décatis,
expliquent les étapes de l’histoire du temple.